Témoignage de Coralie Rauch , maman d’Elya, Evan et Axel.

Je me suis mariée en 2012. Je venais de terminer mes études et je ne travaillais pas. Je suis tombée enceinte rapidement de notre premier enfant. Nous avons dû déménager à Dijon suite à une mutation de mon mari qui était militaire. L’année suivante, re déménagement, à Bourges cette fois.

J’ai donc donné naissance à notre fille Elya à Bourges, loin de nos familles 10 jours après notre arrivée. Mon mari et moi-même étions d’accord pour que je me consacre entièrement à notre enfant.

Il est parti à l’étranger pendant 4 mois quand Elya avait 6 mois. Quand il est revenu, nous avons acheté une maison proche de Bourges, et avons déménagé à nouveau, puis nous avons parlé d’avoir un 2eme enfant.

Je suis tombée enceinte. J’étais vraiment très malade et je me souviens avoir pensé : « si ça se trouve, il y en a 2 ! »

J’étais seule pour la première échographie. Le gynécologue m’a confirmé que j’attendais des jumeaux. Quand je suis rentrée à la maison j’ai simplement dit : « Ils vont bien » . Mon mari, surpris, a compris très vite et a répondu : « Oh mince, on va devoir changer de voiture ! »

Les premières réactions sont tellement drôles parfois.

J’ai vécu une grossesse merveilleuse jusqu’à 5 mois. Puis, j’ai dû rester alitée.

La naissance des jumeaux

A partir de ce moment-là, ça a été plus compliqué avec Elya. Elle a dû aller chez une nounou car nous n’avions pas nos familles près de nous. Je n’avais pas le choix, je n’avais pas le droit de bouger le petit doigt pour m’occuper de ma fille. Après deux hospitalisation j’ai donc accepté ce repos forcé.

Les jumeaux, Evan et Axel, sont nés en Octobre 2015 à 36 semaines et 6 jours. J’ai été déclenchée car ils ne grossissaient plus. Mais j’ai adoré mon accouchement. Mes bébés faisaient ; 2,2 kg et 2.3 kg.

L’équipe médicale a pris le relais immédiatement et j’ai pu les voir 2 heures plus tard. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience : « ça y est, ils sont là ». Un pur bonheur !!

Mon mari était présent tout le temps et moi j’étais dans ma bulle.

Les garçons ont passé une semaine en néonatologie. C’était très dur pour moi de ne pas pouvoir dormir avec mes bébés. Le service ne le permettait pas. Le point positif est qu’ils étaient en très bonne santé et nous avons pu rentrer à la maison rapidement.

Elya a rencontré ses frères 5 jours après leur naissance. Elle était vraiment très heureuse.

Le burn out

Le papa a repris le travail au bout de 2 mois. Je gérais les enfants et la maison. Le vrai plus est que je voyais mes enfants. J’étais avec eux tous les jours.

Cependant, je n’avais aucune vie sociale. J’étais enfermée dans ma bulle.

Quand les jumeaux ont eu 1 an, Elya s’est manifestée avec beaucoup de colères et elle dormait très mal. Je culpabilisais de ne pas être disponible à 100% pour elle.

Environ 6 mois plus tard, je me rends compte qu’avec mon mari … nous nous perdons. J’ai clairement une vie de maman mais pas vraiment une vie de femme.
Je me suis perdue … j’étais régulièrement triste et j’avais envie de respirer et être seule.

Mon mari ne savait pas comment m’aider. Il m’a proposé des solutions en vain. Je ressentais de la colère et de la tristesse. Je n’arrivais plus à réfléchir.

Je suis arrivée jusqu’au point où je ne pouvais plus voir mes enfants. Je me sentais impuissante. Je me disais : « ma fille ne m’aime pas, j’y arrive pas ».

J’ai essayé de me convaincre que ça allait aller mieux … mais non. Le pire était de ne pas savoir ce qui serait bon pour moi, pour les enfants. Je voulais leur offrir quelque chose de positif.

Au final, j’ai pris la décision de faire mon chemin seule je suis revenue dans le Var. J’ai, tout d’abord, été hébergée par ma maman pendant quelques mois. Puis, à la fin de l’année 2017, j’ai trouvé un appartement et j’ai commencé une nouvelle vie seule avec mes enfants. Elya avait alors 4 ans et les jumeaux 2 ans.

Une nouvelle vie

En Avril 2018, j’ai eu un déclic. « Je dois sauver ma peau ! »

J’avais un plan de marche dans ma tête : Il fallait que j’aille mieux et que mes enfants aillent à l’école. C’était le point de départ.

La vie a été beaucoup plus positive à partir de ce moment-là.

J’ai suivi une thérapie psychologique pour m’aider. J’avais un énorme sentiment de culpabilité d’avoir quitté le papa de mes enfants et de leur avoir fait vivre ça.

J’ai rencontré un autre homme avec qui je suis restée 2 ans et demi. Pendant cette période, j’ai redécouvert un second souffle et j’ai crée mon entreprise et il a été très présent pour moi.

Je suis devenue photographe. J’ai eu une révélation lorsque j’ai été démarchée par une photographe à la naissance de mes garçons. J’ai su que ça me plairait de faire ce métier.

Le besoin d’accomplir des choses par moi-même ; j’avais vraiment besoin de faire les choses seule.

Le métier de photographe est parfait pour moi car je gère mon emploi du temps, je fais mon planning en fonction de mes enfants. Je suis mon propre patron. C’est beaucoup de liberté ! Mais quand même beaucoup de sacrifices.

J’ai commencé en proposant des séances à domicile ou en extérieur. Plus tard, j’ai eu mon studio à Cuers dans le Var. Au départ, je n’avais pas de client mais Je suis très optimiste et je ne suis jamais démotivée. J’ai pensé « Oh mon dieu, il y a beaucoup de concurrence ». Cela m’a donné encore plus de force.

J’ai eu mes premiers clients au bout de 3 mois et depuis, tous les jours je me dis que j’ai bien fait. Chaque matin, je suis heureuse de pouvoir voir le sourires des familles et de faire durer leurs souvenirs précieux.

Mes enfants dans tout ça

Les 2 premières années de l’entreprise, ça a été compliqué parce qu’il y avait beaucoup de travail, Ainsi que toutes ces histoires de Covid…

Je voulais toujours plus pour ne pas être dans le besoin.

Puis, je suis revenue à un rythme plus calme. J’essaie chaque jour de m’accorder du temps, bien que cela soit compliqué et comme je suis quelqu’un qui ne tient pas en place, il faut réussir à se poser.

Aujourd’hui, ça fait 1 an que je vis seule avec mes 3 enfants et je les redécouvre. Ils sont heureux et ils me le disent. Nous communiquons beaucoup ensemble.

Mes conseils pour les autres parents

Je trouve que le plus difficile est que chacun trouve sa place dans le foyer. Que l’on soit en couple ou seul(e), le plus important est de ne pas se perdre. Communiquer également lorsque cela ne va pas et faire des choses pour soi tout en lâchant prise pour affronter les difficultés plus sereinement.

Il faut vraiment s’accorder des moments pour soi. Nos enfants sont notre priorité : Oui, mais il faut un bol d’oxygène de temps en temps.

Le témoignage de Coralie pour Parents Inspirants

Vous préférez écouter plutôt que lire. Voici le témoignage de Coralie pour le podcast Parents Inspirants :