Témoignage de Mélanie, maman de Pablo

Des débuts merveilleux

J’ai rencontré Nicolas quand j’avais 18 ans. Nous avons décidé d’avoir un enfant au bout de 8 ans ensemble. Pablo était un enfant vraiment désiré.
Notre bébé est arrivé dans un climat très bienveillant et plein d’amour. J’étais dans une bulle avec mon conjoint et mon bébé.
Puis, j’ai repris le travail. Je travaillais beaucoup et je terminais tard. Quand je rentrais, vers 20h, c’était l’heure du coucher pour Pablo. Je n’avais que très peu de temps avec lui.
Nicolas a été formidable, il a crée un lien fort avec son fils. à ce moment-là, je me suis sentie à part … je n’arrivais pas très bien à trouver ma place.
Lors du confinement lié à l’épidémie de Covid-19, les rôles se sont inversés. Nicolas a continué son travail et j’étais à la maison tous les jours avec Pablo. J’ai redécouvert mon enfant. Je crois que ça a été un déclic. Je me suis dit que j’aurais du mal à trouver des moments aussi privilégiés avec mon enfant si on restait à trois.
En parallèle, je sentais qu’il n’y avait plus la « magie de l’amour » entre Nicolas et moi. Nous étions très complices mais plus vraiment amoureux, un peu comme de très bons amis.
Je dois avouer que ça ne convenait plus, et c’est moi qui ait soulevé les problématiques. Nous avons beaucoup discuté et il y a eu des disputes. Mais, ces moments de tension avaient lieu lorsque Pablo dormait.
Au bout de 14 ans de vie commune, nous avons donc décidé ensemble de se séparer. Pablo avait 5 ans et demi.

L’annonce de la séparation

C’était très important pour nous de lui expliquer la situation clairement. Pablo était en grande section de maternelle. Il était essentiel pour nous qu’il puisse se préparer à ce changement de vie, qu’il comprenne que la rentrée à la grande école serait un peu différente des précédentes. Alors, un soir, nous avons fait une réunion de famille et nous avons essayé de trouver les mots justes :
« Papa et maman ne sont plus amoureux, nous ne sommes plus un couple mais nous restons une famille. »
« Tu es le lien entre papa et maman. »
Pour Pablo, qui n’avait rien vu venir, ça a été très dur. C’était son petit monde qui s’effondrait.
Alors, nous avons poursuivi avec des arguments discutables mais qui ont fonctionné pour engager la discussion : « Tu vas avoir 2 chambres », « à Pâques, il y aura 2 chasses aux œufs », …
Puis, Pablo en a parlé à l’école et il s’est rapidement rendu compte qu’il n’était pas seul dans cette situation.

Les déménagements

Nous sommes restées 4 ou 5 mois sous le même toit, le temps que chacun trouve un appartement. Ce laps de temps pendant lequel il a fallu faire les cartons a été difficile à vivre pour Pablo. Il s’est renfermé sur lui-même. Je voyais bien que ça n’allait pas.
C’est un enfant qui exprime peu ses sentiments. Il va plutôt réaliser des dessins ou écrire des petits mots.
Nous avons essayé de l’impliquer au maximum et il a bien constaté que nous nous sommes aidés l’un et l’autre avec Nicolas.

Notre priorité, le bien-être de notre enfant

Nous avons opté pour la garde alternée du vendredi au vendredi. Et, nous avons fait le choix d’habiter à 300m l’un de l’autre. Notre priorité a toujours été le bien-être de Pablo. C’est vraiment notre principale préoccupation. Nous voulions qu’il puisse nous voir facilement à tout moment. S’il a besoin de voir papa pendant la semaine de garde de maman : c’est possible, et vice versa.
De mon point de vue, la garde alternée est idéale. La semaine pendant laquelle Pablo est avec moi, je pars plus tôt du travail et je suis 100% consacrée à lui. C’est ultra bénéfique pour nous.
Par contre, je me rends compte que depuis que nous sommes séparés, les disputes avec Nicolas ont plus souvent lieu en présence de Pablo. Ce qui est très dur pour lui. Je mets un point d’honneur à toujours lui expliquer ce qu’il se passe, à ne rien lui cacher. Je lui explique ce qu’il a entendu.
Nous avons remarqué que lorsque nous passons des moments tous les trois, Pablo se sent mieux. Ainsi, nous prévoyons, de temps en temps, des moments en famille : restaurant, petit déjeuner, … C’est notre façon de fonctionner. Alors qu’il se renferme complètement sur lui-même lorsqu’il n’est pas bien, Pablo exprime clairement sa joie quand il est heureux. Et c’est le cas lorsque nous partageons des moments tous les trois. Il rit beaucoup, il dit qu’il est heureux et nous répète qu’il nous aime.

Une nouvelle personne dans l’équation

Nicolas a retrouvé quelqu’un et a souhaité la présenter à Pablo rapidement. Pour lui, ça a été un choc : cette personne est arrivée dans son petit monde où il était le centre de l’attention.
Peut-être que les présentations auraient dû se faire de manière plus progressive, dans un endroit neutre ?
J’ai bien vu qu’il était contrarié et, il a fini par demander : « Est-ce que tu crois que c’est ma belle-mère ? »
C’était compliqué pour moi aussi …
Quoi répondre à cette question ?
Je lui ai dit que c’était surtout avec papa qu’il fallait en parler. Je me suis rendue compte que le fait que Nicolas soit à nouveau en couple a concrétisé notre séparation.
Pablo a été très attentionné et il a eu beaucoup de peine pour moi. Il m’a dit : « Mais toi maman, tu es toute seule. » « T’inquiète pas, toi aussi tu trouveras quelqu’un ! »

Mon message pour les autres parents

Lorsque j’ai pensé à la séparation, je me suis posé plein de questions. Est-ce que j’arrivais bien à faire la différence entre le sentiment amoureux, l’habitude, la complicité ?
Je me suis rendue compte qu’il n’y avait plus l’amour et j’ai pris ma décision.
Même si la décision venait de moi, ça n’a pas rendu la séparation facile. J’ai beaucoup culpabilisé. Je me disais : « Je n’ai pas su construire ce que mes parents m’ont montré »
J’avais le sentiment de détruire quelque chose qui aurait pu être parfait pour mon enfant. J’ai eu besoin d’être aidée, d’être suivie. Cet accompagnement m’a fait beaucoup de bien.
Ensuite, je dirai que c’est primordial de mettre son égo d’adulte de côté. Il ne faut pas oublier que l’enfant n’a rien demandé, nous pouvons faire des efforts pour que tout se passe pour le mieux.
Je crois également que la communication avec l’enfant est la clé. Il faut être à l’écoute et ne pas hésiter à poser des questions ouvertes.
« Comment tu te sens ? »
J’ai toujours refusé de parler à Pablo comme à un bébé et je pense qu’il est important de ne pas mentir. Souvent, la vérité est moins compliquée que ce qu’on pense.
Enfin, je pense que c’est essentiel de s’écouter.