Témoignage de Kevin marié à Olivier, papas de Charlotte.

Avec Olivier, nous sommes ensemble depuis plus de 15 ans et avons toujours su que nous voulions fonder une famille.

L’adoption en France

La loi sur le mariage pour tous a ouvert de nouveaux droits pour l’adoption. A ce moment-là, nous avons commencé la procédure pour l’adoption en France.

Au bout de 9 mois de procédure nous avons eu l’agrément sans difficulté. A la fin de la deuxième année d’attente, la professionnelle en
charge de notre dossier nous a laissé peu d’espoir : l’adoption à l’international est complexe et peu de pays acceptent l’adoption par des couples gay. Et, au niveau national, il y a énormément de demandes pour peu d’enfants à adopter.

Cela n’était pas très encourageant mais nous n’avons pas baissé les bras.

La Polynésie française

Nous continuons donc nos recherches et apprenons qu’en Polynésie, les familles confient leurs enfants en adoption Fa’a’amu, une tradition sociale et culturelle très ancienne. Si les parents ne peuvent pas les élever, ils les confient à des parents adoptifs pour qu’ils aient un avenir meilleur. Nous sommes donc allés en Polynésie 2 fois. Nous avons rencontré une famille qui était d’accord pour nous confier son enfant mais, finalement, le projet n’a pas abouti car le père de la future maman n’était pas d’accord pour que l’enfant à naître soit élevé par 2 hommes. Nous abandonnons alors l’idée d’adopter en Polynésie.

Une autre piste existe : la coparentalité. Mais Olivier et moi-même n’étions pas du tout partants pour cela.

Nous avons quand même adhéré à l’association APGL (L’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens) afin de rencontrer d’autres couples et avoir toujours plus d’informations sur les différentes options afin de fonder une famille. Ainsi nous avons eu la chance de discuter avec un couple qui nous a parlé de la GPA et de sa belle histoire.

La GPA

On nous a alors parlé de la GPA (gestation pour autrui). Au début, nous ne voulions pas du tout avoir recours à cette méthode car en France cela est interdit et on entendait parler de “marchandisation du corps de la femme” et plein de choses négatives à ce sujet notamment par des médias ou par des gens qui avaient des à priori .

Nous en avons parlé et écouté des témoignages de personnes ayant recours à la GPA. Tout est devenu plus clair sur la réalité d’une GPA éthique, légale et même valorisée notamment dans les pays d’Amérique du Nord.

Nous avons décidé de nous lancer. Direction la Californie ; point de départ de cette folle aventure !

Bien renseignés, nous avons choisi un projet USA / Canada.

En effet, nous avions choisi une clinique aux USA pour la création des embryons et une mère porteuse au Canada.

Ce qui a motivé notre choix c’est d’une part les valeurs et les motivations altruistes des mères porteuses au Canada et d’autre part, les très bons résultats des cliniques aux USA.

Lorsque nous avons appris que les mères porteuses ne sont pas rémunérées au Canada, nous avons trouvé ça totalement altruiste. Les femmes ne portent pas un bébé pour de l’argent. Elles le font vraiment pour aider les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant naturellement : c’est énorme !

Le projet commence donc aux USA où nous devons choisir la donneuse d’ovocytes. Notre choix s’est porté sur une donneuse pour laquelle nous avons eu un réel coup de cœur, en plus elle ressemblait énormément à Olivier lorsqu’elle était petite.

Seul petit regret, cette donneuse n’acceptait pas d’être connue. C’est-à-dire que Charlotte, notre fille, ne pourra pas connaitre sa génitrice. Nous aurions préféré une transparence totale … mais nous avons finalement accepté cet anonymat car nous voulions vraiment cette donneuse.

Prochaine étape : trouver une mère porteuse au Canada.

Cette fois-ci, c’est à nous de constituer notre dossier et de faire notre profil. En effet, au Canada, c’est la mère porteuse qui choisit le couple qu’elle veut aider. L’agence nous met alors en relation avec une mère porteuse et on voit si le courant passe entre elle et nous.

C’est la 2eme personne qui nous a été présentée qui sera la bonne ! Elle s’appelle Charlene. Elle souhaitait être mère porteuse, car elle-même déjà mère de 3 enfants a eu des difficultés avant de tomber enceinte et elle a toujours voulu faire ce “don” pour aider un couple à avoir la chance d’être
parents. Elle a une superbe famille, stable. Au Canada pour pouvoir être mère porteuse il faut déjà être maman et il est interdit d’être rémunérée pour cela. C’est vraiment un don altruiste.

Lors de notre rencontre, j’avoue que nous étions assez intimidés car il s’agissait de la femme qui allait porter notre enfant. Charlene était également stressée car elle voulait nous plaire. Drôle de situation …

Nous avions quelques jours pour faire connaissance ; nous nous sommes envoyés plein de messages, des photos et avons fait plusieurs rendez-vous Skype. On s’est adoré et le projet a pu commencer !

Charlene a pris l’avion pour la Californie et c’est là que je l’ai rencontrée « en vrai ».

Puis, tout au long de la grossesse, nous avons échangé beaucoup de messages. Tout s’est très bien déroulé. 

Enfin, nous sommes arrivés au Canada pour être présents le jour de l’accouchement. Au total, nous y sommes restés un peu plus de 5 semaines.

La naissance

La naissance s’est très bien passée ; Charlene a eu Charlotte dans ses bras en premier elle a pu faire la tétée de bienvenue puis puis nous a remis Charlotte dans nos bras. Pour nous c’était symbolique et magnifique. A l’hôpital, nous avions une chambre qui n’était pas très loin de celle de Charlene. Nous pouvions nous occuper de Charlotte et une infirmière passait toutes les 3 heures pour vérifier que tout se passe bien et nous avons appris : le bain, le change, le biberon … 

Lorsque nous sommes tous partis de la maternité, nous avons continué à nous voir presque tous les jours avec Charlene et sa famille.

Le départ du Canada a été un déchirement, ça a été très dur. C’était un peu comme la fin d’une aventure. Charlene fait, en quelque sorte, partie de notre famille. Nous gardons, bien entendu, le contact et espérons pouvoir nous revoir dans les prochains mois si la situation sanitaire s’améliore.

Il est important de dire que nos familles nous ont soutenue tout au long de notre  projet et sont ravis que nous ayons pu fonder notre famille.

Le plus compliqué reste le côté juridique. Au Canada, Olivier et moi-même sommes officiellement et légalement les parents de Charlotte.

Sauf qu’une fois arrivée en France, il n’est pas possible d’avoir un acte de naissance avec 2 papas. Mais les choses sont en train de changer et nous avons un grand espoir de pouvoir être considérés tous les 2, les papas de Charlotte en France. Evidemment, notre avocat est là pour nous accompagner dans ces démarches car tout cela prend du temps.

Notre famille !

Notre parcours a duré 18 mois, ce qui est relativement court.  Aujourd’hui, nous nous considérons chanceux et sommes comblés avec notre petite merveille. 

Si j’ai un conseil à donner aux couples qui liront cet article, c’est d’être bien entouré et de ne pas perdre patiente. La vie est une si belle aventure !