A l’heure de la mondialisation, il n’y a pas de frontière et le nombre de familles interculturelles est en constante augmentation. Selon l’Insee, les naissances issues d’un couple dont au moins l’un des deux membres est de nationalité étrangère augmentent en France métropolitaine. La part des naissances issues d’un couple à la nationalité mixte passe ainsi de 8 % en 1999 à 15 % en 2019 et de 7 % à 10 % pour les parents étant tous deux de nationalité étrangère, sur les mêmes années de référence. Se pose alors la question de la transmission des langues familiales. La rédac du Mag vous apporte quelques clés pour relever ce beau défi !

Peut on parler plusieurs langues à un enfant dès sa naissance ?

La réponse est Oui ! En effet, votre bébé a développé l’audition pendant la grossesse. Ainsi, il est déjà habitué à entendre plusieurs langues différentes. Dès la naissance, il est recommandé que les parents continuent à parler leur langue maternelle. Barbara Abdelilah-Bauer, linguiste, indique : « Le plus simple pour les parents est de parler la langue dans laquelle ils se sentent le mieux » .

Un enfant est tout à fait capable d’assimiler plus qu’une langue et ce, dès son plus jeune âge. Cela s’explique par le fait qu’un bébé n’a aucun filtre auditif entre 0 et 7 mois. S’il est confronté à plusieurs langues, il les repérera toutes et n’en fera aucune distinction.

Quelques faits intéressants !

  • Un enfant est capable d’apprendre plusieurs langues dès son plus jeune âge, sans aucun accent dans une des deux langues.
  • Les parents ne doivent pas hésiter à utiliser leur langue maternelle à la maison, même si ce n’est pas celle que leurs enfants parleront à l’école. Pas de panique, l’enfant acquerra facilement l’autre langue en dehors de sa famille.
  • Il arrive très souvent que l’enfant « mélange » les deux langues. Les phrases peuvent être composées de mots dans les deux langues familiales. Il ne faut pas s’en inquiéter, cette confusion est normale et tout devrait rentrer dans l’ordre à partir de 3 ans environ.
  • Il est préférable que le couple parental se mette d’accord sur le « projet linguistique » avant la naissance de l’enfant.
  • Les jeunes enfants ont la chance d’acquérir rapidement une langue. Mais, attention, il peuvent aussi la perdre rapidement. Ainsi, il faut pratiquer le plus souvent possible ! Une pratique quotidienne est idéale pour entretenir le bilinguisme.

Quels sont les impacts pour le cerveau ?

L’acquisition linguistique structure le cerveau. L’aire de Broca, qui régit la grammaire et la phonologie, présente, chez les enfants devenus bilingues avant l’âge de 4 ans, une partie commune réunissant les zones spécifiques à chacune des deux langues. Chez les sujets apprenant une deuxième langue plus tardivement, la phonologie et la grammaire de chaque langue sont régies dans l’aire de Broca par des zones contiguës, mais ne présentant aucune intersection.

C’est la raison pour laquelle, il est crucial d’introduire les 2 langues familiales dès la naissance. Votre enfant pourra les acquérir sans effort.

D’autre part, être multilingue présente de nombreux avantages ! Acquérir plusieurs langues permet au cerveau de fonctionner de manière plus efficace. Les capacités phonologiques et grammaticales ainsi que la capacité de calcul sont régies par la même aire cérébrale frontale. C’est ainsi que la stimulation de cette aire par le bilinguisme précoce détermine la création de nombreuses connections neuronales qui auraient des répercussions directes sur les potentialités intellectuelles.

  • une meilleure mémoire visuospatiale et verbale
  • une plus grande souplesse intellectuelle et les enfants bilingues sont mieux préparés, à l’âge adulte, face à l’apparition de troubles de la mémoire comme la maladie d’Alzheimer
  • d’énormes avantages sociaux. Les bilingues sont plus à l’aise dans un environnement multiculturel et sont plus tolérants et plus ouverts aux gens, aux cultures et aux langues.

Des témoignages …

« C’est ma mère qui nous a toujours parlé en espagnol mais aussi en français pour que mon père ou les gens autour comprennent lorsqu’on parlait (l’espagnol revenait automatiquement quand elle était énervée). J’essaye de reproduire la même chose avec ma fille depuis qu’elle est née pour qu’elle soit bilingue. »

Stefanie, née dans une famille interculturelle péruvienne / française

« Pour moi, c’est une vraie chance d’avoir grandi dans une famille multiculturelle ! Au-delà de l’apprentissage d’une seconde langue depuis bébé qui est un vrai atout, je valorise aussi beaucoup la grande ouverture d’esprit que cela m’a transmis. Je suis admirative du courage de ma mère d’avoir tout quitté par amour vers un pays et une langue qu’elle ne connaissait pas, et de nous avoir élevé moi et ma sœur dans ce contexte tout en nous transmettant ses traditions et ses valeurs ! Aujourd’hui, je suis fière de ma bi-culture et j’espère pouvoir la partager tout autant avec mes futurs enfants. »

Anaïs, née dans une famille interculturelle espagnole/française