Depuis qu’il est petit, votre enfant s’identifie plus facilement au genre opposé par sa façon d’être, les vêtements qu’il a envie de porter ou encore les jeux qu’il choisit. Plus les années passent, plus il vous parle de son sentiment d’être différent, de ne pas être né dans le bon corps. Alors, comment réagir face à cette situation ? À quel moment peut-on dire qu’un enfant est transgenre ? Quels comportements adopter en tant que parent ? La rédac’ vous conseille et vous accompagne.

Si l’on connait depuis un moment les débats sur l’homosexualité et l’homoparentalité, on entend seulement depuis peu celui concernant les enfants transgenres… Le Conseil de l’Europe s’est penché en 2013 sur la question. En effet, plusieurs cas de jeunes enfants souffrant de ce trouble ont été relayés dans les médias et ont mit le sujet sur le devant de la scène. Les études rapportent qu’un enfant français sur 500 serait transgenre, ce qui fait environ 132 000 enfants au total. Un chiffre tout de même important signifiant que de nombreux parents ont besoin d’être avertis et éclairés.

Qu’est-ce qu’un enfant transgenre ?

Un enfant transgenre se définit par le fait que son identité physique et sociale, liée aux concepts d’homme et de femme, est en contradiction avec son sexe anatomique. Autrement dit, un enfant se sent garçon en naissant dans un physique de fille et vice-versa. Plus les années passent, plus le sentiment de non-appartenance au sexe biologique se fait sentir. L’enfant rejette son identité biologique et tout ce qui y est associé. A contrario, il s’associe bien plus facilement à tout ce qui concerne le sexe opposé.

Plus souvent reconnue à l’âge adulte, la transidentité peut également se révéler très tôt, alors que la personne concernée n’est encore qu’un enfant. Mais en tant que parent, comment gérer cette situation inattendue ?

Comment être sûr qu’il soit vraiment transgenre ?

« J’aurais préféré être un garçon », « Les filles ont trop de chance » : Vous avez très certainement dû entendre votre enfant énoncer ce type de propos. Mais bien souvent, cela n’est pas signe de transidentité. Beaucoup d’enfants sont inconfortables avec leur identité sexuelle et sont curieux de savoir ce qu’est d’être un petit garçon ou une petite fille. La découverte de l’autre sexe est un passage un peu complexe, mais tout à fait normal. Les signes de transidentité sont bien plus persistants que cela et perdurent dans le temps.

Selon le pédopsychiatre Christian Flavigny certains enfants pourraient s’affirmer comme tel en voulant simplement s’accommoder à leurs parents. « Voulaient-ils une fille plutôt qu’un garçon ? Sont-ils heureux de m’avoir eu ? » Ce questionnement peut pousser l’enfant à s’adapter au désir premier de ses parents de manière inconsciente, et l’idée qu’il pourrait être plus aimé en étant de l’autre sexe s’impose.

Alors, avant de poser un diagnostic, assurez-vous que votre enfant ait exprimé verbalement, et sur une longue période, son inconfort avec son sexe.

Reportage « À 8 ans, elle est une enfant transgenre » – Ça commence aujourd’hui

Comment réagir en tant que parent ?

Les signes d’appartenance à tel ou tel genre sont encore bien ancrés dans l’esprit de nombreuses personnes. Alors si certains parents soutiennent leur enfant coûte que coûte, d’autres ont plus de mal à l’accepter et préfèrent le déni. La meilleure chose à faire est d’être à l’écoute et discuter de la situation avec votre enfant. L’absence de compréhension de votre part pourrait réellement accentuer son mal-être. Un enfant transgenre subit bien souvent une grande pression psychologique, du harcèlement, un sentiment de honte ou de différence trop important pouvant parfois même pousser jusqu’au suicide. L’accompagner est primordial.

Si cette situation peut être très déroutante à vivre en tant que parent, ne l’accablez pas et ne remettez pas en doute ses propos. Essayez de comprendre son mal-être et faites part de vos doutes et vos angoisses à des personnes extérieures. Il est normal que vous soyez un peu perdu et ne sachez pas quel comportement adopter. Quoi qu’il en soit, encouragez votre enfant à être authentique, à s’accepter tel qu’il est en lui disant que rien n’est plus important que son bonheur et que vous l’aimerez toujours quoi qu’il arrive.

Les inquiétudes de parents

« Et si mon enfant regrettait son choix ? La famille va-t-elle l’accepter ainsi ? Et à l’école, va-t-il se faire harceler ? Sera-t-il heureux? Aura-t-il des idées noires ? »  Tant d’inquiétudes et de tourments dans l’esprit des parents d’enfants transgenre. Ces inquiétudes sont légitimes et normales. Mais prenez les choses les unes après les autres. Le plus important est d’apporter votre soutien et de lui montrer tout votre amour. Avec cette force-là, votre enfant saura affronter ces difficultés si elles se présentent un jour.

Demander de l’aide…

Si vous sentez que la situation vous échappe, n’hésitez pas à vous entourer de personnes vivant la même situation que vous. Certaines associations comme Grandir Trans sont spécialisées dans l’accompagnement de parents d’enfant transgenre.

Les étapes de transition

Si votre enfant vous fait part de son inconfort depuis longtemps et qu’il souhaite entamer une transition vers l’autre sexe, prenez les choses pas à pas. Les étapes sont nombreuses et prennent du temps. Cela peut rassurer les parents qui craignent que leur enfant ne regrette cette décision. Certaines étapes ne sont pas irréversibles et permettent tout de même à l’enfant de se sentir mieux.

  1. La transition sociale : votre enfant peut changer de coupe de cheveux, de vêtements, et adapter son comportement au sexe auquel il s’identifie.
  2. Le changement de prénom : la demande de changement légal de prénom peut prendre beaucoup de temps, notamment lorsqu’il s’agit d’un enfant, la justice est plus frileuse avec ce type de décision.
  3. Le suivi médical : il est possible de prendre un bloqueur d’hormones pour ralentir la croissance et la puberté de l’enfant. Ces inhibiteurs d’hormones vont freiner les changements corporels liés à la puberté tels que l’apparition de la poitrine, les poils etc. Aucun changement de sexe ici, ce traitement est également pris par des jeunes filles réglées trop tôt par exemple.
  4. Le traitement hormonal : La prise d’hormone du sexe opposé commence à opérer des changements physiques. Cela fera pousser des seins à un jeune garçon et plus de poils à une petite fille.
  5. Le changement de sexe : Cette étape vient mettre un point final à la transition et ne pourra avoir lieu qu’à partir de ses 18 ans. Ces nombreuses années permettront à votre enfant de grandir, d’évoluer et de prendre pleinement conscience de cette décision qui lui appartient.