Témoignage d’Audrey

Le 13 Juillet 2016, j’avais 38 ans …

Une date qui restera à jamais inscrite dans ma mémoire… La date où mon monde, si parfait, si net, si défini, a basculé dans l’inconnu, la crainte, la fin de la sérénité.
Pourtant je ne me serais jamais décrite comme quelqu’un de serein. Je suis stressée, souvent inquiète, je flippe un peu pour un rien. Mais oui…. finalement j’étais sereine… Quand je revois des photos d’avant ce 13 juillet 2016, je me dis « là, tu n’étais pas malade… là tu étais bien… ».
C’était avant…

J’ai senti une petite boule

J’ai senti une petite boule au niveau du sein en prenant ma douche. J’ai immédiatement pris rendez-vous avec ma gynécologue. Pendant le rendez-vous, ma gynécologue ne me paraît pas inquiète car je venais d’arrêter d’allaiter ma fille. Elle me dit que c’est sans doute un kyste lié à l’allaitement. Elle me précise quand même : « si c’est toujours là dans un mois, revenez me voir »
Malheureusement, un mois plus tard, la petite boule était toujours là. Je dois donc effectuer une échographie puis une mammographie.
J’ai clairement vu le visage de la radiologue changer …

Elle m’a dit : « ce n’est pas un kyste … il n’y a pas de doute … « 
A ce moment là, c’est un véritable choc ! un coup de massue ! J’ai eu très peur et j’ai immédiatement pensé « je suis jeune, le cancer sera fulgurant, ça va très vite quand on est jeune »
« Je vais mourir, je ne vais pas voir mon bébé grandir »
Il fallait faire une biopsie et le laboratoire allait fermer. J’ai vraiment insister pour que ça soit fait le plus vite possible, je ne pouvais pas attendre. Le personnel médical a été formidable et a accepté de fermer plus tard afin de réaliser la biopsie le soir même.
J’ai appelé mon conjoint car il ne fallait pas que je sois seule, je ne voulais pas être seule. Il est arrivé avec notre fille de 8 mois. Elle criait mais ça ne me dérangeait pas, ça me faisait du bien d’avoir ma moitié et mon bébé à mes côtés.
Il faut attendre une semaine pour avoir les résultats de la biopsie.
Pendant cette période d’attente des résultats, je n’ai pas voulu en parler à mes parents pour ne pas les inquiéter. Je voulais avoir les résultats avant d’annoncer cette mauvaise nouvelle. Comme je suis très proche de mes parents, tout garder pour moi a été vraiment très dur.

Les résultats tombent : j’ai un cancer du sein

J’ai enfin les résultats de la biopsie et l’analyse de la radiologue est confirmée. J’ai bien un cancer du sein.
Un des moments les plus difficiles c’est l’annonce à ma famille. Je n’ai pas réussi … les mots ne sortaient pas. C’est finalement ma cousine, à qui j’avais dit que je devais faire une échographie, qui a dit « c’est ton sein ». Cela peut paraître simple mais il était alors impossible pour moi de prononcer ces mots.

Le protocole médical se met en place

J’ai eu rendez-vous avec un chirurgien afin de retirer « la boule ».

Je voulais également savoir si j’allais avoir de la chimio ou des rayons. Il m’a répondu de façon directe et assez brutale : « Les Deux »

C’était un nouveau coup de massue pour moi. J’ai eu besoin d’ à peu près 24 heures pour m’en remettre.

Ma fille était à nouveau au centre de toutes mes pensées : 

 » Est ce que je vais pouvoir m’occuper d’elle sous chimio ? » 

« Qu’est ce qui va se passer pour ma fille si je meurs ? »

Je dois souligner que l’équipe médicale a fait preuve de beaucoup de douceur et d’humanité. J’en avais besoin et c’était vraiment top. Mon conjoint a été tout simplement exceptionnel. Il ne parle pas beaucoup mais il est toujours là … il est fabuleux. Son soutien a été vital pour moi. 

J’ai eu 3 « grosses » chimio. Ma mère m’accompagnait.

J’ai perdu mes cheveux …

J’avais acheté une perruque mais finalement, je ne l’ai pas beaucoup porté. La perruque ce n’est pas confortable, ça tient très chaud. Au final, comme c’était l’hiver, je portais un bonnet et chez moi, je ne portais rien.

Je n’ai jamais eu honte.

Ma fille était vraiment toute petite, elle ne s’en est pas vraiment rendue compte.

Une année difficile mais je suis toujours restée positive 

Pour la petite anecdote,je voyais un point positif à la chimio. Je me suis dit que je n’aurais pas à aller chez l’esthéticienne pour me faire épiler.

Finalement, je suis restée sans cheveux pendant seulement 2 mois et j’ai dû me rendre chez mon esthéticienne pour une épilation.

Suite aux 3 grosses chimio, j’ai eu 12 séances un peu plus « light ». J’allais à ces séances comme on se rend à une consultation chez le médecin. J’avais vraiment une vie « normale ».

La clinique proposait des soins de support : j’ai testé le reiki par exemple. C’était bon physiquement et psychologiquement !

A la maison, je me suis surprise à pleurer de bonheur en regardant mon homme et ma fille, en me disant que j’avais tellement de chance.

Je reçois enfin les résultats du test

J’ai réalisé un test pour savoir si le cancer était génétique. Nous avons attendu plus d’un an pour avoir les résultats.

Malheureusement, oui, le cancer était bien génétique.

L’avantage c’est que j’avais eu du temps pour me préparer à ce résultat. Pour moi c’était très clair. Je ne voulais prendre aucun risque et mettre toutes les chances de mon côté pour ne plus avoir à passer par la case cancer.

De tout façon, je voyais mes seins comme des nids à cancer.

J’ai rencontré plusieurs chirurgiens esthétiques. J’ai finalement choisi une femme avec qui j’ai bien accroché et qui était tellement humaine. La gynécologue avec qui elle travaille a réalisé l’ablation et elle, la reconstruction de mes seins. C’est une opération lourde et j’ai beaucoup souffert de ne pas pouvoir prendre ma fille dans les bras.

Quelques mois avant,  il y avait eu l’ablation des ovaires et j’ai été ménopausée à 40 ans.

Ces opérations ont été un soulagement.

J’ai toujours gardé ma féminité

Malgré les traitements, la fatigue, … j’ai toujours fait attention à garder ma féminité. Avec mon conjoint ça se passe très bien.

D’ailleurs, je me souviens très bien lui avoir demandé plusieurs fois « Est ce que tu m’aimeras toujours quand je n’aurais plus de cheveux ? » et il m’a répondu « Mais oui ! »

Il est mon roc, sans lui je n’aurais pas pu surmonter cette épreuve.

Même si aujourd’hui ça va mieux, j’ai perdu ma sérénité d’esprit. Je pense cancer dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et, j’ai un petit coup de flip à chaque prise de sang.

A travers mon témoignage, je souhaite vraiment dire que j’ai traversé une épreuve extrêmement difficile mais je l’ai plutôt bien vécu, je dirais même qu’elle a été, dans un certain sens, enrichissante. Je ne vois plus la vie de la même façon et je sais qu’il faut prendre les petits bonheurs comme ils viennent.

Le soutien de l’entourage est essentiel.