Témoignage d’une Mamange

Porter la vie, devenir maman, construire une famille pleine d’amour… c’est le but d’une vie, du moins de la mienne.

On attendait un bébé !

Il aura fallu une bonne année avant que le petit « + » s’affiche enfin sur le test de grossesse. A ce moment précis, mon mari et moi étions « ENFIN » sur un petit nuage. Même si l’on sait dans un coin de sa tête qu’il ne faut pas se précipiter dans les projections (vie future, prénom etc.), ça se fait automatiquement et malgré soi car on le veut tellement ce bébé et on l’aime déjà !

Je sens que quelque chose ne va pas …

Et puis juste avant la première échographie programmée, je sens que quelque chose ne va pas. Quelques pertes de sang … mais bon il paraît que ça peut arriver alors on ne veut pas croire au pire. Première visite aux urgences qui ne rassure pas car l’on n’entend pas le rythme cardiaque mais paraît-il ça arrive aussi quand le bébé est trop « petit ». On rentre à la maison complètement chamboulés et je reste au calme. Et puis ça recommence quelques jours après et je ressors de l’hôpital avec une information qui me trotte dans la tête: la taille du bébé… elle me semble bien petite au vu de l’avancée de la grossesse. Je comprends à ce moment-là, sans le dire, que c’est terminé. Et au petit matin suivant, la pire des mâtinée tant par la douleur physique de perdre notre bébé en faisant une fausse couche à la maison que mentale à l’issue de celle-ci et de notre troisième passage aux urgences. Par « chance » pas de curetage qui à mon sens n’aurait fait qu’accroître la douleur.

Je me sentais coupable

De retour à la maison, la descente aux enfers commence. Si l’on prend l’image d’un iceberg, alors les premiers jours représentent la partie visible du glacier. Une immense culpabilité m’envahit car je me sens coupable et responsable d’avoir perdu notre bébé, la douleur et la peine inimaginable à l’idée que nous ne le tiendrons jamais dans nos bras. Heureusement mon mari a été mon pilier dans cette épreuve même si à sa manière lui aussi était meurtri. Il s’est mis en retrait.

Tous nos proches sachant et ne sachant pas que j’étais enceinte ont été appelés pour que l’annonce du drame soit faite. C’était important pour moi car je n’aurais pas supporté un dérapage tel que « et le bébé c’est pour quand ? ». Trop dur pour mon petit cœur de mamange inconsolable !

Il faut trouver un moyen d’avancer

Après les sanglots, il a bien fallu reprendre notre vie. Et c’est bien cette étape qui est la partie immergée de l’iceberg. On pense bêtement que se raisonner va permettre d’avancer mais la douleur est tellement profonde. Il ne se passe pas une journée sans que notre bébé soit dans mes pensées.

C’est à ce moment-là que les  langues se délient et l’on se rend compte que beaucoup de proches ont vécu la même chose. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas dit avant ? Je me serai senti moins seule. Ensuite ça se complique car pour nous la vie est en mode « pause » mais elle est bel et bien en mode « play » pour le reste du monde. Je me mets en retrait de notre vie sociale sans m’en rendre compte. Mon mari, lui, me suit pour me supporter au mieux. Les annonces successives des grossesses dans notre cercle amical et familial sont une torture. Une torture vicieuse, qui plus est, car ça me ramène à notre drame, à notre bébé que « nous » nous n’aurons pas, mais en plus ça me culpabilise encore davantage de ne pas arriver à être présente pour nos proches dans cette étape de leur vie. C’est beaucoup trop à encaisser et je n’ai pas la force.

J’ai accepté de l’aide

Cette situation dure pendant des mois. Les mois deviennent années. Mon mari essaye de me raisonner sans me brusquer et tente de me faire prendre conscience qu’il faut trouver un moyen d’avancer. Mais je sais bien que ça doit venir de moi. Inconsciemment « avancer » c’est oublier mon bébé et il n’en est pas question. Même si mon mari a été le meilleur des maris, je vois bien que notre vie « d’après » lui pèse et que me voir me noyer sans rien pouvoir faire est très compliqué. Il me faudra un peu de temps avant de me décider à « demander de l’aide » pour ne pas sombrer encore plus et surtout pour ne pas ruiner notre couple. D’abord des aides pour m’apaiser comme l’acupuncture. Et puis un jour, alors que nous sommes en plein processus de PMA (car oui avoir un bébé était aussi devenu une obsession. J’imaginais que retomber enceinte m’aiderait et que nous avons dû y avoir recours suite à certains résultats d’analyse qui ne nous laissaient pas grande chance d’être parents de manière “naturelle”), on nous parle d’une démarche bénéfique avant de se lancer : un rdv avec une psychologue qui pratique l’EMDR (une technique pour les chocs post traumatique utilisée dans l’armée américaine par exemple). On nous conseille vivement de le faire. Sans grande conviction nous y allons et expliquons notre parcours et la douleur encore présente. La psychologue me demande de revenir seule puisque c’est de mon côté qu’il faut “accepter le passé”. Et puis l’impensable arrive à l’issue de cette seconde séance. Une délivrance à laquelle je ne croyais pas ou plus. Mon cerveau a enfin assimilé que je n’étais  pas coupable ! J’arrive à parler de ma grossesse, de ma fausse couche et de mon bébé sans pleurer et sans cette boule au ventre permanente. On recommence petit à petit à retrouver notre cercle amical et familial et c’était important.

La PMA n’a par la suite pas eu “l’effet escompté” car nous avons enchaîné les échecs et une nouvelle fausse couche. Celle-ci beaucoup plus précoce et même si douloureuse émotionnellement, elle n’a pas eu le même impact que la première.

Mon mari a su mettre le “holà” dans toute cette procédure qui malgré tout régissait notre quotidien.  Il n’en pouvait plus de me voir m’infliger ces traitements. Quelques mois supplémentaires sont passés et puis cette envie  de bébé ne cessait de grandir encore et encore au fond de moi. J’ai voulu reprendre la PMA et mon mari n’y était donc pas favorable mais par amour a bien voulu me suivre….

Un miracle s’est produit !

Nous attendions de démarrer le protocole quand le miracle s’est produit !!!! J’étais à nouveau enceinte et naturellement qui plus est !!!!

Une joie et un bonheur immense !

Une grossesse qui malgré la peur du drame s’est déroulée à merveille. Il aura fallu 4 longues années avant de pouvoir tenir notre bébé dans nos bras!

Nous l’aimons à l’infini !

Nous sommes comblés aujourd’hui mais pour ma part je garderai en mémoire notre passé, les dates clés qui auraient dû faire partie de notre vie et je serai toujours une mamange pour ce petit bébé. Il fait partie de notre histoire et a certainement influé sur la manière dont nous avons accueilli notre enfant.