Témoignage de Virginie @rose_camomille
Je tombe enceinte rapidement
Je m’appelle Virginie, j’ai 28 ans et je réside dans le Nord de la France. Je suis en couple depuis plus de 9 ans et le souhait d’avoir un enfant a rapidement été présent avec mon conjoint.
Après des années de CDD enchaînés pour ma part, et ce désir d’enfant sans cesse repoussé, nous avons après une énième fin de contrat décidé de tenter. Premier essai concluant !
Et me voilà enceinte, le destin !
Un accouchement difficile
La grossesse s’est bien passée dans son ensemble malgré des premiers mois difficiles entre nausées et vomissements. J’ai perdu de 12 kilos ! J’ai également connu les maux classiques de la grossesse. L’accouchement lui, a été plus compliqué.
J’ai pu accoucher par voie basse avec péridurale. Cependant, il aura fallu plus de 48 heures de travail et 30 minutes de poussées.
Bébé sort enfin mais je ne réalise pas vraiment. On me le pose sur le ventre, mais je m’évanouie à cause des efforts fournis et des déchirures multiples qui ont pris plus d’une heure à être suturées.
Puis le corps se réveille, les effets de la péridurale s’estompent et les douleurs commencent. Coccyx douloureux, déchirures atroces, hémorroïdes explosées, etc.
Les difficultés s’enchainent
J’essaie malgré tout, entre position allongée et poches de glace entre les jambes, d’allaiter bébé. Premier échec. Et cela n’a fait que continuer ainsi. Les sages-femmes avaient des discours divers, dont une qui m’avait dit, agacée de ne pas réussir à mettre bébé à mon sein : « En même temps allaiter avec une grosse poitrine pareille ; mais quelle idée ! »
Je n’ai rien dit, j’étais tellement abattue et partagée entre ma gestion de la douleur et mes premiers pas de mère.
C’est à ce moment-là que j’ai su que j’allais avoir beaucoup de difficultés à accepter la situation, à accepter ce nouveau rôle qui me tombe dessus du jour au lendemain, à digérer les douleurs engendrées par l’accouchement.
J’ai pleuré, pleuré, et pleuré tout le long de mon séjour à la maternité.
Je ne voulais qu’une chose : rentrer à la maison. J’étais persuadée que d’être chez moi, dans mon cocon adoucirait ce nouveau quotidien.
Mais non…
Cela a continué, entre soins à la maison, douleurs, pleurs, colère, peurs et frustrations.
Pourquoi ai-je voulu devenir Maman? Ce n’est pas fait pour moi. Je n’arriverai pas à l’aimer, à être heureuse. C’est terminé, à cause de lui.
La dépression post-partum était bien là
Voilà comment j’ai su que je faisais une dépression post-partum. J’étais dans une phase difficile où je ne voulais pas être mère, ne me considérant pas comme telle et ne voulant pas m’occuper de ce bébé. Je me le refusais, et moins je le touchais, mieux c’était.
Ma mère, avec qui je suis très proche, m’a confirmé mon état de dépression. Elle l’avait vécue, elle aussi, à ma naissance. Elle comprenait très bien les vilaines pensées noires et dures qui me traversaient. Les pleurs, les doutes et les peines qui me hantaient quotidiennement. Elle m’a beaucoup écouté, épaulé, sans me juger.
Mon conjoint lui a eu plus de mal à comprendre mon état mais il ne s’est jamais montré négatif ou dans le jugement. Il me câlinait, me rassurait et prenait le relais avec bébé dès qu’il était disponible ou qu’il rentrait du travail.
Maintenant … une maman épanouie
Aujourd’hui, j’ai surmonté cette dépression post-partum. Avec du temps, et après un an de hauts et de bas. Ce qui m’a aidé c’est de pouvoir parler de mes craintes, partager mes pensées qui parfois pouvaient choquer mon entourage. Tout en m’épaulant et en essayant d’être le plus objectif possible, mon conjoint comme ma famille ont trouvé les mots pour m’apaiser et me rassurer.
L’aide aussi, déléguer, confier bébé aux grands-parents et retrouver un peu de temps pour soi tant j’avais l’impression de ne plus en avoir, de n’être que le « larbin de bébé ».
Cela m’a beaucoup aidé aussi d’avoir du temps rien que pour moi, de souffler et m’aérer l’esprit.
Les réseaux sociaux et associations m’ont aidée, tels que l’application Wemoms ou encore l’association Maman Blues. J’ai également profité de mon compte Instagram @rose_camomille et de ma communauté pour exprimer mes pensées. Je suis active sur mon compte et j’aide encore des jeunes mamans qui viennent m’écrire en privé pour discuter. J’ai ainsi laissé une story à la une résumant ce qui m’a aidée, car c’est LA principale question qui m’est posée à chaque fois.
Je n’ai ainsi pas suivie de thérapie, faute d’argent, de temps et de disponibilité dans les centres de psychologie. Alors j’ai puisé en mes proches, en mon conjoint surtout, et en moi car il y avait, malgré tout, des moments ensoleillés qui m’interpelaient. Cela a pris du temps, mais j’ai réussi.
Mes conseils aux jeunes parents
Je dirais aux jeunes parents que les clés pour s’en sortir sont de parler, de déléguer et d’être suivis s’ils en ont la possibilité.
- Parler permet d’évacuer, même si les paroles peuvent être mal comprises ou difficiles à entendre pour les autres.
- Déléguer car du temps pour soi est essentiel. On se retrouve mère du jour au lendemain et on se donne tant de pression à être parfaite et l’affût à chaque seconde que l’on s’oublie, alors si un proche peut prendre le relais, n’hésitez pas et profitez de ce temps pour vous.
- Et être suivi car aujourd’hui, la dépression post-partum n’est plus un tabou, elle existe, même chez les hommes, et beaucoup de professionnels sont spécialisés dans le domaine pour vous accompagner au mieux dans cette épreuve.
Il faudra parfois du temps, il y aura des jours meilleurs puis d’autres qui vous feront douter mais c’est ça être mère, être père, être parents. On en apprend tous les jours, on craque, on est épuisé, exaspéré, on a envie de tout lâcher, d’abandonner, dépression ou non. Car être parent ce n’est pas facile. C’est le plus beau et le plus dur des métiers qui nous prend beaucoup d’énergie mais nous apporte tellement d’amour, de moments de joie, de partages, de rires, de petits bonheurs au quotidien.
Courage chers parents !